Séminaire d’information de la FSPC à Olten
Parler ensemble et collaborer
Le séminaire de la FSPC du 16 mai dernier a attiré quelque 150 cadres de la protection civile à Olten. Au programme, des nouvelles de la fédération, du Parlement et de l’OFPP, mais aussi des exposés intéressants et instructifs sur les thèmes d’actualité les plus divers. Des exposés comme celui des deux représentants de l'Agence fédérale allemande pour le secours technique (THW), qui ont parlé de la catastrophe dans la vallée de l’Ahr − et captivé l'assemblée.
La présidente de la fédération, Maja Riniker, a commencé le séminaire de cette année à Olten en revenant sur les décisions prises lors de l’assemblée générale fin mars et en adressant des remerciements pour la confiance témoignée au comité directeur de la fédération. Elle a ensuite abordé les problèmes d’alimentation des effectifs de l’armée et de la protection civile, l’obligation de servir envisagée pour les femmes et aussi la « lutte pour les civilistes ». Elle s'est réjouie de la discussion à venir sur ce thème, espérant que celle-ci serait objective. Maja Riniker s'est dite convaincue qu'à la fin, quelque part « à l’horizon 2030 », il y aura une votation populaire et une modification de la Constitution.
La présidente de la FSPC a ensuite expliqué les interventions actuelles de son côté au Parlement fédéral et a également mentionné qu’elle avait saisi l’occasion de l’agression russe contre l’Ukraine pour lancer, à ses propres frais, une étude visant à analyser les effets de la guerre sur la population ukrainienne et les conséquences qui en découlent pour la protection de la population suisse.
293 MPCi engagés dans le camp scout fédéral (CaFé)
Fin juillet et début août de l’année dernière, la vallée de Conches, en Valais, s’est transformée en village de tentes. Pas moins de 30 000 participants ont fait du camp scout fédéral une aventure inoubliable − et ont posé des défis à la protection civile sur place, comme l’a expliqué Silvan Lorenz, commandant PCi de l’OPC Region Brig 1. Le CaFé a eu besoin de soutien dans le domaine des tentes logistiques, et non pour le montage privé. La sécurité était la priorité absolue. Le domaine « maintien du calme et de l'ordre public » a également constitué un grand défi. Au final, 293 MPCi ont effectué 2035 jours de service pour le camp fédéral, et ce pendant cinq semaines et dans 16 sous-domaines définis. S. Lorenz : « il est arrivé que l’un ou l'autre d'entre nous soit en service dans le camp pendant deux jours, puis trois jours à son travail avant de revenir au camp. L'élément décisif, c'est qu'on a pu compter sur ces 293 personnes ! »
Ce que le CaFé a avant tout montré une fois de plus, a résumé Silvan Lorenz, c'est que l'« on ne peut pas faire les choses seuls, mais seulement en collaboration avec nos partenaires de la police, des pompiers et aussi et surtout de l’armée ».
Tout le monde doit se réunir autour de la même table dès le début
Daniel Uhlmann et Roland Bühler se sont exprimés en tant que responsables de la sécurité lors de la Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres (FFLS) de fin août 2022 à Pratteln. D. Uhlmann, responsable du domaine Sécurité, a montré des reflets de la fête à travers un film. « L’éventail des prestations de la protection civile pour la FFLS était très varié », a-t-il souligné lors du séminaire. La palette s’étendait des prestations logistiques classiques aux tâches liées à la sécurité, en passant par les services de transport. Les chiffres sont impressionnants : plus de 1300 MPCi ont effectué 4591 jours de service pour la fête à Pratteln.
Selon Roland Bühler, l’un des principaux enseignements en matière de communication est qu’il faut absolument impliquer tous les participants dans les rapports dès le début de l’événement. Pendant la FFLS, des annonces régulières en quatre langues ont été diffusées à tous les visiteurs de la fête. La conclusion des deux hommes, à l’instar des intervenants précédents : toutes les organisations d’urgence doivent être réunies dès le début autour de la même table ! « Vous devez savoir comment et avec qui vous pouvez échanger en cas d’événement. Mais cela n’est possible que si vous vous parlez entre vous ».
Des descriptions bouleversantes de la vallée de l’Ahr
Les inondations catastrophiques de la vallée de l’Ahr de la mi-juillet 2021 étaient au centre des exposés suivants de Thomas Wruck et Christian Niemeyer de la THW Ahrweiler. Les deux hommes ont d’emblée souligné que beaucoup de choses s’étaient bien passées à l’époque, mais qu’il fallait tirer des leçons pour les catastrophes futures et faire part des enseignements tirés. « C’est pourquoi nous nous exprimons aujourd’hui devant vous sur les erreurs et les problèmes rencontrés ». Chr. Niemeyer a décrit en détail comment ils ont lutté contre les inondations dans la nuit du 15 juillet, comment les réseaux d'électricité et de communication se sont effondrés, comment leurs propres unités ont été surprises par le raz-de-marée. « Dix-sept secouristes ont échappé de peu au pire et certains d’entre eux bénéficient encore aujourd’hui d’une assistance psychologique », a-t-il ajouté. Des personnes ont été sauvées et des cadavres d’enfants ont été dégagés. Il est extrêmement important d’accepter l’aide de l'équipe d'assistance dans un tel cas et de ne pas en avoir honte. » Cela aide énormément !
Le pire, c’est que les politiques ont ensuite émis des reproches à l'adresse des bénévoles, relatent les deux hommes, dont la colère était encore palpable presque deux ans après l'événement. Suite à une mauvaise communication avec les médias, qui ont reproché à l'aide en cas de catastrophe son amateurisme, ils ont été agressés verbalement et physiquement. « On nous a balancé des ordures... ».
Remise du trophée et délicieux repas
Michel Elmer, membre du comité de la FSPC, a animé avec sa maîtrise habituelle la cérémonie de remise du titre de membre PCi de l’année. Après un petit film présentant les deux finalistes, il a dévoilé le nom du vainqueur : le titre de « Membre de la protection civile de l’année 2023 » a été décerné à Andrea Berchtold, commandant de compagnie de milice de l’OPC Region Brig 1. Le jury l’a désigné vainqueur et a loué son engagement hors du commun et la qualité de son travail avant et pendant le camp. A. Berchtold s’est déclaré ravi et a accepté ce prix au nom de toute l’équipe et de tous les cadres qui ont accompli un travail remarquable dans la vallée de Conches. Adrian Gasser, de l’OPC Region Langnau, qui était le deuxième participant à la finale, l'a félicité avec fair-play (voir article séparé).
Les personnes présentes se sont ensuite rendues à l’hôtel Olten pour le repas de midi, avant que la deuxième partie du séminaire ne débute à 13h30.
Des informations de première main
Daniel Jordi, chef de la Division Protection civile et formation à l’OFPP et membre du comité de la FSPC, a donné des informations sur le nouveau domaine qu’il dirige après son renforcement. Il a expliqué la structure organisationnelle et les champs d’action définis. « Les ouvrages de protection sont aussi un sujet important », a déclaré D. Jordi. « Nous créons les conditions nécessaires pour que les ouvrages de protection soient en état de fonctionnement et opérationnels, car ils constituent l'épine dorsale de l’infrastructure de la protection de la population ». Il a souligné qu’actuellement, on était encore en train de mettre sur pied la nouvelle structure organisationnelle. Celle-ci sera actualisée en permanence, notamment dans l’espoir de pouvoir compter à l’avenir sur toujours plus de femmes. D. Jordi : « Il y a encore un grand potentiel ! ». En ce qui concerne les interventions au profit de la collectivité, la liste des tâches est actualisée dans le but de n’autoriser à l’avenir que celles qui correspondent effectivement au but et aux missions de la protection civile. Dans le domaine de l’alimentation des effectifs, « beaucoup de choses sont en cours », a déclaré D. Jordi. Comme la présidente de la FSPC, il compte sur une intégration des civilistes dans la durée et sur l'introduction un jour d'un nouveau système d’obligation de servir.
Penser à l'inimaginable
Markus Müller, responsable de la gestion des événements à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), a parlé des dangers naturels en tant que tâche commune de la protection de la population. D’emblée, il a adressé des compliments : « Pour moi, la protection civile est le moteur de la protection de la population. Elle est capable de tenir sur la durée et nous avons des professionnels dans nos rangs ». M. Müller sait de quoi il parle, ayant été le premier commandant de l’OPC de Nidwald de 2003 à 2009. Dans la protection de la population, le mot d'ordre est toujours le même : « Pensez à l'inimaginable » ! Il a approfondi le sujet en prenant l’exemple des inondations d’août 2005 et de leurs conséquences pour Nidwald. Le fait qu'il n'y ait pas eu de mort est dû en grande partie aux mesures de prévention dans la construction, à la planification des urgences et à une organisation d’urgence bien rodée et opérationnelle. « Avec une certaine humilité, il faut cependant reconnaître que nous avons aussi eu de la chance ! », a déclaré Müller. Son credo en tant que responsable : « Mieux vaut prendre une mauvaise décision que de n'en prendre aucune ». Et : « Les dangers naturels concernent tout le monde ».
Vivre dans une Suisse privilégiée
« Pénurie d’électricité : contexte et conclusions du point de vue de Swissgrid » : tel était le titre de l’exposé de Philipp Isler, Head of Security Operations & CSO. Swissgrid est la société nationale assurant la gestion du réseau. Elle est responsable de la sécurité et de la fiabilité du réseau de transport local. Elle le fait avec 12 000 pylônes électriques, 21 transformateurs, 6700 kilomètres de lignes et 147 postes de couplage. Swissgrid ne produit pas elle-même d’électricité, mais met à disposition ce que l’on appelle la capacité de distribution ».
Du point de vue du spécialiste, la pénurie d’électricité a été et est une chance. Chacun et chacune en Suisse a pu se rendre compte une fois de plus dans quel pays privilégié on vit. « En outre, on dit souvent qu’en Suisse, tout prend un peu plus de temps − mais quand c’est nécessaire, nous sommes capables de travailler rapidement et de façon non bureaucratique ! » Mettre en place une ordonnance d'urgence en six à huit semaines, il n’y a qu’en Suisse que l’on peut le faire, a ajouté Isler. Il est bon de savoir que, selon lui, nous sommes « mieux armés » et « mieux préparés » si la situation se reproduit l’hiver prochain. Il a donné le conseil suivant aux cadres de la protection civile : « Allez voir vos fournisseurs d’énergie, parlez avec eux de leurs plans et de ce qui fonctionnerait en cas d’urgence et comment ».
À la fin des six heures qu'a duré la manifestation, la présidente de la FSPC Maja Riniker a salué un « séminaire remarquablement mené et organisé » par la commission technique de la fédération. Elle a remercié Reto Haltinner pour avoir assuré l'animation de la journée et son équipe pour son engagement remarquable. Le prochain séminaire aura lieu le 7 mai 2024 à Olten.